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- 47 - Un cadeau pas comme les autres

  • bleuts
  • 2 oct. 2024
  • 12 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 déc. 2024

Ce matin-là, Mylen était assis en tailleur sur un grand rocher.


Confortablement installé à l’orée du bois voisin à leur camp, il aiguisait l’une de ses lames. Il aimait ce lieu et s’y rendait pour se retrouver seul. C’était un coin paisible, loin des va-et-vient incessants de ses compagnons.


Contrairement au reste de son groupe, il avait su conserver quelques possessions bien cachées. Lorsque les sylènes leur avaient confisqué leurs armes et diverses affaires, ils n’avaient pas su trouver les lames dissimulées sur lui. Et il s’était bien gardé de leur en parler.


L’arme qu’il entretenait ce matin était un peti couteau au manche gravé d’une roue solaire. C’était un cadeau de Söl, auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux.


Mais il arrêta aussitôt sa tâche, rangeant rapidement le couteau, en entendant une personne s’approcher. Il tourna la tête et découvrit sans réelle surprise Adrepo.


L’homme lui fit un doux sourire en s’accroupissant devant lui.


Mylen tressaillit. Ce n’était pas la première fois qu’Adrepo le trouvait ici et se postait ainsi, mais sa proximité était toujours aussi déstabilisante.


C’était même ici qu’il lui avait offert la boucle d’oreille. Mylen avait remarqué qu’il arrivait parfois qu’Adrepo porte exactement la même. Ce qui était le cas à cet instant.


Mylen ne parvint pas à résister et la toucha du bout du doigt, faisant frissonner Adrepo. Il recula aussitôt sa main, légèrement embarrassé par son geste.


« Je.chercher thu. » fit Adrepo. « Ë je.trouver toujours thu ici.

– Évidemment. C’est un des seuls coins où je peux être tranquille. Ou plutôt, je pouvais. Tu envahis parfois un peu trop mon espace, tu sais ? »


Mylen soupira. Il se reposa sur ses mains pour s’étirer en arrière, avant de grogner :


« Alors, qu’est-ce que tu m’veux ? Si tu penses que je t’ai pardonné pour les surnoms, c’est mal me connaître. Je suis du genre rancunier.

– Mmmh ?

– Tu. Vouloir. Quoi ? » insista Mylen, en prenant le temps d’articuler ses mots.


En réponse, Adrepo prit soudain la main de Mylen pour le forcer à se lever. Il voulait qu’il le suive. Le blond se laissa faire, interloqué. Que se passait-il encore ?


« Adrepo ?

– Je. avoir nouvelle… opr… ofre… ofrandr ?

– Offrande ? Quoi ?

– Dah. »


C’est totalement perdu que Mylen suivit Adrepo jusqu’à une clairière isolée non loin du camp.


Il ne s’attendait pas à y découvrir un ours mort, déposé sur le sol. David et un guerrier sylène se tenaient à côté de lui. Ils discutaient. Au vu de ses sourcils froncés et de sa moue agacée, David n’avait clairement pas l’air heureux de se trouver là. Sans compter qu’il était visiblement épuisé.


Avait-il aidé à porter cette chose ? Mylen frissonna. Ses yeux ne pouvaient se détacher de l’ours.


« C’est quoi ce bordel ? » souffla-t-il en s’arrêtant.


Il avait parlé un peu fort, et David se retourna aussitôt vers lui, une expression gênée sur le visage. Il allait répondre lorsqu’Adrepo le coupa :


« Izlä. Tehï trizäz forna.anbeil ar thuï calonn. Leis thy artos, teh.forn an prouan ë an prömessa a thu.madeil niet ogra leis teh. »


Il prononça plusieurs phrases ainsi d’un air solennel en prenant les mains de Mylen, tandis que ce dernier lançait un regard de parfaite incompréhension à David.


« Il a dit quoi ? Que se passe-t-il ?

– Euh. Qu’en gros, qu’il a chassé cet ours pour toi afin de te de prouver sa bravoure et son amour pour toi. » souffla David avant d’ajouter rapidement : « Je suis désolé, je ne pensais pas qu’il prendrait ça au sérieux. Quand il m’a posé des questions sur tes goûts, je lui ai raconté ce que tu avais dit à Ayel au sujet de préférer un ours à un sanglier, je trouvais ça drôle. Pardon. »


Mylen resta silencieux. Il baissa les yeux et fixa l’ours sans bouger. Adrepo, qui semblait attendre une réaction, lança un regard inquiet à David, qui grimaça en réponse.


Ses épaules se tendirent et l’appréhension tira les traits du meneur. Il ouvrit la bouche, puis la referma. Finalement, au bout de plusieurs secondes, Mylen releva la tête.


« Tu as vraiment chassé ce truc pour moi ? Ce n’est pas une blague ? » murmura-t-il, sous le choc. « Mais il est immense. Tu as vu la taille de ses griffes ? Il pourrait tuer un homme d’un seul coup de patte.

– Oui. » fit David. « Et il l’a chassé seul.

– Bordel de merde. »


Les yeux grands ouverts, Mylen retira ses mains de celles d’Adrepo, les portant alors devant son visage pour le cacher. Ses joues étaient teintées d’un rouge éclatant. Il bredouilla quelques mots inintelligibles, son regard alternant entre Adrepo et l’ours, avant de reculer d’un pas.


« Merde, merde, merde. »


Et sans crier gare, il fit volte-face et s’enfuit. Adrepo hésita, perdu. David le poussa alors en s’exclamant :


└ Tu attends quoi ? Allez, rattrape-le ! ┐



Mylen avait fui dans les bois.


Une fois assez loin, il s’arrêta face à un arbre et posa la tête dessus en inspirant profondément. Son cœur battait à toute vitesse et ses joues chauffaient tant qu’il était étonnant que sa peau n’ait pas encore brûlé.


Il n’arrivait pas à y croire. Adrepo avait chassé un ours pour lui ? Un ours ?! Lorsqu’il avait dit à Ayel que ça l’impressionnerait bien plus qu’un sanglier, c’était de l’humour.


Mais, maintenant qu’Adrepo l’avait fait, il ne pouvait pas cacher que ça le touchait bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il avait fait ça dans le seul but de lui plaire. Pour lui, et uniquement lui.


Personne n’avait jamais fait ça avant. Il était vraiment sérieux. Bon sang. Ce n’était pas une blague. Adrepo le voulait, lui. Merde.


« Fais chier. » gémit-il, le front collé à l’écorce.


Mais Mylen se retourna aussitôt en entendant des pas le rattraper.


Il regarda Adrepo s’approcher, le regard inquiet. Il recula, mais se retrouva dos à l’arbre. Une main tendue derrière lui, posée sur le tronc et prête à lui donner une poussée pour s’enfuir, il hésita.


« Laisse-moi. » siffla-t-il sans conviction.


Adrepo tendit le bras et caressa doucement la joue de Mylen. Dans ses yeux, on pouvait lire tous ses doutes et ses incertitudes. Sa peur de se faire rejeter.


Mais, tout ça n’était rien comparé à l’intensité de la tendresse qui brillait au fond de ses pupilles.


Ils restèrent une éternité ainsi, les yeux dans les yeux, avec comme seuls mots leur respiration et le bruissement des feuilles autour d’eux.


« Putain. » souffla Mylen, la voix tremblante. « C’est clairement une situation à chier. Et j’veux pas de ton ours de merde.

– Thu—

– Mais… j’apprécie. Merci. »


Mylen se redressa et prit le visage d’Adrepo entre ses mains. Les pupilles du Sylène s’élargirent légèrement, tandis qu’il le soulevait pour le serrer contre lui.


Mylen ferma les yeux et l’embrassa.



« Je te préviens tout de suite. » souffla Mylen.


Non content de le soulever, Adrepo le portait maintenant dans ses bras et refusait de le lâcher. En réponse à son baiser, Adrepo l’en avait couvert, avant de plonger le visage dans son cou en souriant de bonheur.


Ils étaient ainsi, l’un contre l’autre, depuis de longues minutes.


Des minutes que Mylen appréciait bien trop pour l’avouer. Il repoussa légèrement Adrepo pour pouvoir le regarder dans les yeux et murmura :


« Je te préviens tout de suite. » insista-t-il. « Ma famille ne doit rien savoir. Motus et bouche cousue. C’est déjà assez compliqué comme ça avec David et sa rouquine qui sont au courant, alors si on rajoute Dynia et Sofie ça risque de devenir… désagréable. Ton manque de discrétion risque fort de nous porter préjudice. Oh. Et il va falloir que tu m’apprennes ta langue.

– Eh ?

– Et bah on est pas dans la merde. »


Mylen soupira en posant son front sur celui d’Adrepo.


« Dans quoi je me suis encore fourré. » murmura-t-il pour lui-même.



Assis dans l’herbe à côté de l’ours, David et Carnyx discutaient en attendant le retour d’Adrepo. Le guerrier profitait de l’occasion pour en apprendre plus sur le jeune homme qui allait les accompagner en expédition.


└ Et tu as un peu d’expérience en combat ? ┐ s’enquit-il. └ Tu te défends bien ?

– J’ai reçu un entraînement, même si je n’ai pas beaucoup d’occasions de mettre tout ça en pratique. Mais je frappe fort.

– Hum. Je vois. Et quelle arme tu préfères ? Il va falloir qu’on en trouve une pour le voyage.

– J’avais une épée. ┐ murmura David. └ Elle a été confisquée quand je suis arrivé au village.

– Une épée ? C’est rare par ici. ┐ répondit pensivement Carnyx. └ Je vais voir si je peux te la récupérer alors. Sinon, on te trouvera autre chose. Et on se fera une petite danse toi et moi pour que je puisse jauger ta force. ┐


David hocha la tête. Il n’était pas très confiant à ce sujet. Il s’en sortait bien mieux à mains nues qu’avec une arme. Carnyx lui fit un sourire rassurant et il se détendit légèrement.


Alors qu’il ouvrait la bouche pour poser une question, il vit Mylen traverser la clairière d’un pas rapide, tenant la main d’Adrepo. Aussitôt, David se leva et s’exclama :


« Mylen ! Attends, on fait quoi de ton ours ?

– Rien à foutre. Je vous le donne, faites en ce que vous voulez. Mange-le, jette-le, épouse-le, je m’en fiche. »


Adrepo quant à lui leur fit simplement un signe de tête. Tiré par la main de ce dernier, Mylen ne s’était pas arrêté le temps de parler et ils disparurent tout deux dans les bois qui menaient aux remparts.


Leurs mains liés et leurs yeux brillant ne laissaient aucun doute sur l’issue de leur discussion.


David soupira et tourna la tête vers Carnyx pour lui demander ce qu’ils allaient faire, mais ce dernier s’était déjà levé.


└ Prends-le à gauche, je prends sa droite. S’il n’en veut pas, on va l’apporter au village, ça va nourrir de nombreuses bouches. ┐


David opina. C’était dans ce genre de situation qu’il était heureux d’être un orian. Sa race était réputé pour sa force bien supérieure à celle des autres.


Il n’était peut-être pas le plus endurant des orians, mais il ne manquait clairement pas de puissance dans les bras. David se pencha pour soulever mais s’arrêta. Il cligna des yeux, réalisant quelque chose.


└ Attends, tu as compris ce qu’il à dit ? Tu— ┐


La fin de sa phrase mourut dans sa gorge tandis que Carnyx lui faisait un clin d’oeil. Il mit un doigt devant ses lèvres, souriant avec amusement.


└ Chut. ┐


David referma la bouche. Quoi ?



Après avoir aidé à porter un ours à deux reprises en peu de temps, David était épuisé. Il s’éloignait en soupirant, cherchant un coin où se reposer quelques minutes, tandis que Carnyx discutait avec les sylènes à qui ils avaient confié le corps.


Et dire que la journée ne faisait que commencer. Il se dirigeait vers un mur qui lui paraissait assez confortable pour s’y adosser, lorsqu’une personne se faufila derrière lui et l’attrapa. La main sur la bouche, il fut tiré dans l’ombre.


« Toi. Il faut qu’on parle. »


L’agresseur retira sa main pour le laisser parler, mais non sans glisser une lame sous sa gorge. David déglutit et grogna :


« Mylen ?! Qu’est-ce que —

– Chut. Premièrement, tout ce qu’il s’est passé ces derniers temps doit rester secret. Tu n’en parles à personne. Pas même à ta rouquine. Ma famille ne doit rien savoir.

– Tu—

– Deuxièmement, tu vas aller voir Adrepo avant ton départ, et lui expliquer clairement dans sa langue que je veux bien lui donner une chance, mais à condition que ça ne se sache pas. Fais-lui comprendre qu’il doit apprendre la discrétion, sinon c’est non. »


David hocha doucement la tête. Mylen pressa plus fort le couteau sur sa gorge.


« Et que ce soit clair, si tu balances quoi que ce soit à ma famille, t’auras plus de jolie rouquine en rentrant de ton expédition.

– J’ai compris. Lâche-moi maintenant.

– Pas avant que tu en fasses le serment.

– Je t’en fais le serment. »


Mylen relâcha David en le poussant. Ce dernier se massa la gorge en grognant et lança un regard assassin à Mylen.


« C’était vraiment utile ça ?!

– Les vieilles habitudes. Et un peu de pression ne fais jamais de mal. » fit le blond en rangeant son couteau. « Tu vas faire comme si tu ne savais rien. Pas de commentaire, pas d’allusion, pas de regard en coin. Tu nous oublies.

– D’accord, je ne dirais rien à ta famille. Mais pour le village, c’est trop tard. » sourit méchamment David.


Il n’appréciait pas de se faire agresser gratuitement. Et ces dernières heures, en discutant avec Carnyx, il avait appris certaines choses qu’il allait prendre grand plaisir à transmettre au blond.


Mylen fronça les sourcils.


« Quoi ? »


David haussa les épaules. Il fit quelques pas en arrière et répondit avec amusement :


« Ils le savent déjà tous. Ça fait des jours que tu te promènes en public avec une boucle d’oreille que Adrepo t’a offerte, pas vrai ? En la portant, tu as accepté aux yeux de tous qu’il à des vues sur toi. Elle signifie que tu es sa chasse gardée et qu’aucun autre homme n’a le droit de te courtiser. C’est pour ça qu’il porte la même. Une jolie tradition.

– Quoi… ?

– Oh, tu ne savais pas ? Oups. » siffla David. « Mais rassure-toi, il te reste quand même un secret. Ils pensent tous que tu es une femme, après tout. »


Le regard surpris et outré de Mylen valait tout l’or du monde. David se massa la gorge et grogna :


« Je vais prévenir Adrepo. Tu n’avais pas besoin de me menacer pour ça. Mais ne compte pas sur moi pour t’aider après ça. »



Lorsque Adrepo rejoignit sa tente dans le campement des guerriers, un sourire immense était peint sur son visage.


Son cœur ne parvenait pas à se calmer, tandis qu’il repensait au baiser qu’il avait échangé avec Mylen. Il passa une main sur son visage en inspirant profondément, et s’assit lourdement sur son fauteuil.


Il se servit un verre et le sirota, l’esprit vagabond. Mylen lui manquait déjà. Ils s’étaient séparés peu de temps auparavant, après s’être embrassés une nouvelle fois dans la forêt. Mais avant cela, ils avaient tenté de communiquer et de s’apprendre quelques mots.


Mylen lui avait fait comprendre qu’il souhaitait apprendre sa langue. Adrepo n’avait pas compris sa demande immédiatement, mais, dès qu’il l’avait saisie, l’enthousiasme avait étreint son cœur. Il s’était pris au jeu avec joie.


Mylen montrait quelque chose du doigt, et attendait qu’Adrepo lui en dise le nom. Une technique simple, mais efficace. Il espérait plus que tout pouvoir échanger un jour de nombreuses phrases avec lui. Apprendre à mieux le connaître. Tout savoir de son passé, de sa vie, de son histoire, de ses aspirations, tout.


Il songeait à tous les mots qu’il allait lui enseigner, lorsque Mylen entra dans la tente. Adrepo se leva pour l’accueillir, mais le regard glacial que lui lança Mylen l’arrêta immédiatement.


« Je te rends ça. » fit dédaigneusement le blond, en laissant tomber la boucle d’oreille qu’Adrepo lui avait offerte.


Elle rebondit sur la table sous les yeux écarquillés d’Adrepo.


« T’es vraiment une enflure, tu sais ?

– Mihilen ?

– Et dire que je pensais que c’était un geste désintéressé pour me soutenir dans mon deuil du gamin. »


La colère et la déception suintaient de sa voix. Il posa les deux mains sur la table et se pencha sur Adrepo.


« Je suis tombé droit dans ton piège, hein ? Quel idiot. Mais on ne m’y reprendra plus. »


Adrepo ne comprit pas. Il tendit la main vers Mylen, qui la repoussa aussitôt en se redressant.


« Non. » siffla-t-il. « Ta chasse gardée ? Vraiment ? Tu crois quoi, qu’un bijou te donne le moindre droit sur moi ? Va te faire foutre. »


Mylen ne lui laissa pas le temps de réaliser ce qu’il se passait, et sortit de la tente.


« Mihilen ! »


Adrepo ramassa la boucle d’oreille et sortit aussitôt de la tente, poursuivant Mylen dans le camp.



Il ne fallut que quelques enjambées à Adrepo pour le rattraper. Il lui prit le bras et le força à se retourner vers lui, l’empêchant de partir.


« Mihilen ?

– Laisse-moi. »


Mylen lui lança un regard noir, dans lequel les larmes se cachaient avec difficulté.


« Je ne suis la propriété de personne. » siffla-t-il. « Et c’est pas parce que tu me plais que je vais tout accepter de ta part. Lâche-moi maintenant.

– Nah.

– Lâche-moi.

– Nah. »


Adrepo n’était pas sot. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre. Pour réaliser son erreur.


Il avait passé tant de siècles à regarder avec envie ses villageois se faire la cour et s’aimer, sans jamais que son propre tour n’arrive, sans jamais sentir son cœur battre pour quelqu’un, que lorsqu’il s’était épris de Mylen, il n’avait pas réfléchi.


Il était si heureux et si enthousiasme à l’idée d’avoir enfin trouvé la personne à qui offrir son bijou de cœur, qu’il en avait oublié que Mylen n’était pas comme eux.


Peu importe cette boucle d’oreille.

Peu importe le temps qu’il avait passé à la fabriquer.

Peu importe tous les espoirs qu’il avait glissé en elle.


Si elle blessait Mylen pour une raison ou pour une autre, alors elle devait disparaître.


Il ouvrit la paume de sa main pour la montrer au blond, et sous son regard médusé, il la referma aussitôt, écrasant le bijou de toutes ses forces. Le métal lui rentrait douloureusement dans la peau, mais il ne lâcha pas, maintenant la pression jusqu’à sentir la boucle céder.


Il rouvrit la main et la laissa tomber par terre, détruite. Il retira ensuite celle qui pendait à son oreille et la tendit à Mylen.



Ce dernier la prit, surpris. Toute colère avait disparu de son regard. Seules de l’incompréhension et de l’inquiétude subsistaient.


« Adrepo, tu… mais ? Pourquoi ?

– Tu.ëtre tehï calonn… Je.appartenir thu. » murmura Adrepo en montrant son cœur. « Thu.pardonner je ? »


Mylen fixa la boucle d’oreille d’Adrepo. Et au bout de ce qui parut un temps interminable, il murmura :


« Bordel. J’suis vraiment un crétin, pas vrai ? »


Il se pencha et ramassa le bijou cassé. Le voir dans cet état lui fit plus de mal qu’il ne l’aurait imaginé. Ce n’était pas Adrepo qui l’avait brisé. C’était lui. Comme toujours. Il ruinait toujours tout.


Mylen ouvrit les paumes d’Adrepo et posa les deux boucles dessus en murmurant :


« Reprends ton cœur. Tu mérites mieux qu’un homme qui fait souffrir ceux qui l’aiment. Tu seras malheureux avec moi. »


Mais Adrepo secoua la tête. Il prit Mylen dans ses bras et le serra contre lui. Ce dernier se laissa faire. Il soupira et posa la tête contre son torse en fermant les yeux. Il s’accrochait à lui, comme il ne s’était jamais accroché à personne.


« Je suis désolé d’être comme ça. » murmura-t-il, tandis qu'Adrepo lui caressait doucement la tête en fredonnant.





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