- 15 - Espoir et désespoir
- bleuts
- 14 nov. 2024
- 22 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 déc. 2024
Partie 1 - Espoir
Tous les matins, Jol se levait tôt et descendait déjeuner en compagnie de sa grand-mère. Elles profitaient ensemble des premiers rayons de soleil et du chant des oiseaux, et se promenaient en bavardant ensuite dans le jardin.
Mais ce matin-là, Jol ne descendit pas. Au début, personne ne s’en préoccupa. Avec les événements de la veille, il était normal qu’elle soit fatiguée et n’ait pas le courage de se lever.
Cependant, lorsque midi arriva, l’inquiétude pointa le bout de son nez. Toute la famille était alarmée par son absence.
« On devrait aller la réveiller. » fit Élan. « Il faut qu’elle mange.
– Je m’en charge. » répondit Alda en se levant, mais son époux l’arrêta immédiatement en lui attrapant le bras.
« Non, reste-là, je m’en occupe. »
Lorsqu’il arriva devant la chambre de Jol, il hésita quelques secondes. Il s’en voulait de s’être emporté la veille, bien qu’il ne tolérait toujours pas le comportement de sa fille. Il était hors de question qu’elle continue de fréquenter ce garçon, mais Alda lui avait fait comprendre qu’en lui interdisant ainsi, ils ne feraient que la pousser dans ses bras.
« Elle est comme moi à son âge. Plus on m’empêchait de faire quelque chose, plus j’avais envie de le faire. » avait-elle expliqué.
Il secoua la tête et toqua à la porte. Pas de réponse.
« Jol ? »
Cette scène lui rappela la disparition d’Öta, et il pria mentalement : « Pitié, faites que ce ne soit pas ça. »
Il poussa la porte, qui n’était pas fermée. Élan fut aussitôt rassuré : sa fille était toujours là. Jol était recroquevillée dans son lit, enroulée dans ses couvertures. Son visage était rouge et elle semblait ne pas aller bien.
« Père ? C’est vous ? »
Il entra et s’approcha d’elle. Après avoir pris rapidement sa température et regardé son état de plus près, il en conclut qu’elle était malade.
« C’est ça de sortir tard le soir à moitié nue. » grommela t-il inquiet, en caressant le front de Jol qui s’enfonça dans ses couvertures, honteuse. « Hors de question que tu quittes ton lit avant d’être en forme. »
Après avoir informé Alda de la situation, qui évidemment s’inquiéta immédiatement, il remonta avec un bol de soupe chaude sur un plateau.
Il remarqua alors la peluche près d’elle. Elle l’avait donc toujours, après toutes ces années ! Cette peluche qu’il lui avait offerte lorsqu’elle était bébé, et qui représentait l’animal totem d’Élan. Un sourire éclaira son visage. Il se sentait plus léger.
Jol s’était redressée dans son lit, tremblotante, et baissa les yeux lorsqu’il s’approcha pour lui tendre le plateau. Alors qu’il repartait, il ne put s’empêcher de se retourner et de murmurer :
« J'aime bien ta coupe de cheveux. Tu es plus jolie quand tu ne te caches pas sous un foulard. »

Les jours suivants, Jol reprit des forces petit à petit. Elle se sentait beaucoup mieux. Ses parents étaient aux petits soins pour elle et lui accordèrent le repos dont elle avait besoin.
Jol se mit alors à espérer que ce moment ne s’arrête jamais. Elle était heureuse d’enfin recevoir leur attention, bien qu’elle tentait de ne pas le montrer ouvertement.
Mais n’oubliant pas Nora, elle devait suivre le plan qu’ils avaient concocté. Il fallait qu’elle leur fasse croire qu’elle n’était plus en couple avec lui, mais ce serait difficile.
Jol s’attendait à ce qu’ils abordent le sujet de nouveau. Qu’ils lui répètent qu’ils lui interdisaient cette relation et de revoir Nora. Elle avait même préparé son discours afin de les convaincre qu’elle avait changé d’avis, bien que ce soit faux.
Mais étonnement, la discussion ne vint jamais.
Depuis sa fugue, Élan et Alda évitaient le sujet de ses fréquentations. Jol en fut soulagée. Elle ne voulait plus mentir.
En réalité, elle se sentait même de plus en plus mal à l’idée de partir avec Nora. Elle le désirait : vivre avec l’homme qu’elle aimait et voyager, c’était un projet fantastique ! Mais maintenant qu’elle s’était confiée à ses parents et qu’elle s’était rendu compte qu’ils l’aimaient malgré ses mensonges, elle doutait.
Elle avait tant souhaité qu’ils s’occupent d’elle et lui accordent de l’attention… et là, ses désirs se réalisait ! Ils étaient là, s’occupant d’elle avec amour sans rien lui reprocher ! Elle pensait profiter de la distance avec eux pour couper les ponts sans en souffrir. Mais maintenant, c’était si différent… En quelques jours, tout avait changé.
Cependant, ce n’était rien comparé à ce qui l’attendait plus tard. Alda et Élan décidèrent de la prendre à part pour lui parler. Jol s’imaginait enfin voir le sujet désagréable sortir, mais ce fut tout l’inverse.
« Nous avons une bonne nouvelle à t’annoncer ! » s’exclama Alda, radieuse.
Elle échangea une œillade complice avec Élan, qui lui sourit en retour.
« Tu lui dis ?
– Non toi, vas-y ! » répondit-il, amusé.
Alda plongea son regard dans celui de Jol et lâcha alors, heureuse :
« Nous avons décidé d’emménager à GemmeNoire ! »
Jol écarquilla les yeux, étonnée.
« Q.. Quoi ?
– J’ai discuté avec ton père de ce que tu m’as confié il y a quelques jours, et nous sommes parvenus à la conclusion que c’était ce qu’il y a de mieux pour toi. Pour nous. »
Les yeux de Jol se brouillèrent de larmes. C’était si simple que ça ? Ses parents ne repartiraient plus ? Ils ne l’abandonneraient plus ?
« Je.. Je…
– Nous allons rattraper le temps perdu ! » répondit Élan, en la serrant dans ses bras.
Jol renifla, heureuse.
« Pour le moment nous allons rester ici, chez ta grand-mère, le temps de trouver une maison. Ensuite tu viendras vivre avec nous. Mais avec nos moyens, ce sera dans la basse-ville et loin de tout confort.
– Ça me va ! » répondit aussitôt Jol en se dégageant de l’étreinte de son père. « Je me fiche du confort ! Je ne veux plus des robes, des diners et des jolis souliers ! Je veux mes parents ! »
Jol avait le cœur qui battait vite. Elle était surexcitée et avait hâte que ses parents trouvent une maison. Ce serait si fantastique ! Elle en avait tant rêvé !
Au fond de son esprit, une voix lui chuchota : « et Nora ? », mais elle l’étouffa aussitôt, l’euphorie prenant le pas sur le reste.

Ses parents allaient rester à GemmeNoire ! Ils emménageaient pour de bon ! Cette nouvelle rendit folle de joie Jol, qui passa sa journée à sourire.
Voilà des années que Alda et Élan ne l’avaient vu comme ça. L’euphorie de leur fille à cette annonce les conforta dans l’idée qu’ils avaient fait le bon choix.
Ce serait bien sûr difficile pour eux. Abandonner ce qu’ils avaient construit à BrancheNoire pour revenir à GemmeNoire, c’était un grand changement.
Mais, il y avait également de nombreux points positifs à ce déménagement. Ce n’était pas que des sacrifices. Élan pourrait plus aisément vendre à ses « clients particuliers », sans avoir à faire des aller-retour tous les ans.
Leurs proches se trouvaient aussi ici. Alda avait hâte de revoir son amant, Darius, mais n’avait pas eu le temps de lui rendre visite.
Mais il n’y avait plus d’urgence. Ce serait plus facile de le voir maintenant. Elle était impatiente de le présenter à Öta et Jol.
Le seul bémol était sa mère, la grand-mère de Jol. Elle leur avait fait comprendre qu’elle était prête à les héberger le temps qu’il faudrait, mais qu’ils devaient tout de même rapidement trouver un logement, et qu’elle refusait de continuer de payer l’éducation de la jeune fille.
« Je suis profondément déçue et en colère qu’elle m’ait menti ainsi pendant tout ce temps. Je me suis ruinée, démenée à en faire une demoiselle correcte, parée au mariage, en vain. Que va-t-on dire de nous ? » avait-elle grondé, mécontente. « Ne comptez pas sur moi pour payer les réparations de sa robe, le tissu m’avait couté une fortune ! Quel gâchis... »
Depuis, elle ne leur adressait la parole pas plus que nécessaire, et évitait Jol. Leurs sorties, leurs promenades quotidiennes… la vieille femme ne voulait plus rien partager avec elle. La jeune fille vivait mal le rejet de sa grand-mère, mais Alda l’avait rassurée :
« Elle boude, mais ne t’en fais pas, elle pardonnera. Elle ne peux pas te résister. Laisse-lui du temps. Tu sais qu’elle t’adore. »
Jol espérait que ce soit vrai.

Partie 2 - Désespoir
À partir de maintenant le chapitre évoquera des thématiques très violentes telles que le viol, abus sexuels, drogue, etc... Je déconseille vraiment de lire, si le sujet est difficile pour vous. Préservez-vous.
Le soir venu, Jol partit se coucher heureuse et triste à la fois. Tout se bousculait dans sa tête, elle ne savait plus quoi penser, quoi décider, quoi dire… Elle était en train de se changer lorsqu’elle entendit un bruit à la fenêtre.
Elle traversa aussitôt sa chambre pour l’ouvrir, et découvrit Nora sur son balcon. Ce n’était pas la première fois qu’il passait par là. Il grimpait parfois la nuit pour la rejoindre, grâce à l’arbre juste en face. Jol profitait aussi de cet arbre pour fuir en douce de la maison la nuit. Elle était plutôt bonne grimpeuse.
« Nora ? Que fais-tu là ? » chuchota alors Jol, qui avait peur que quelqu’un se rende compte qu’elle avait de la visite. « On avait dit que tu ne viendrais plus me voir tant que mes parents seraient là ! C’est trop dangereux. »
Nora haussa les épaules nonchalamment et s’engouffra dans sa chambre sans attendre. Il se vautra sur son lit, étendant ses bras dans un soupir satisfait.
« Aaaah ! Tu me manquais, c’tout. Bordel, c’est qu’ton lit est foutrement confortable !
– Descends tout de suite ! » s’affola-t-elle, en continuant de chuchoter : « Tu vas le tacher de boue et mes parents vont s’en rendre compte ! Et c’est mal, un garçon ne doit pas s’allonger sur le lit d’une fille ! »
Nora n’avait jamais agi ainsi auparavant. Lorsqu’il venait la voir, il restait sur le balcon ou sur le pas de la porte. Les deux zones étaient à l’abri des regards grâce aux barrières et aux arbres. Sans compter que la nuit, personne ne se promenait.
« T’sais, je ne suis pas un garçon. J’suis ton homme. Ton lit m’appartient maintenant, j’en fais ce que je veux.
– Tu es bizarre aujourd’hui… » répondit Jol, inquiète.
Son regard était vide, pourtant il ne sentait pas l’alcool. Il semblait comme déconnecté de la réalité. Que s’était-il passé ? Que lui était-il arrivé ? Elle ne l’avait jamais vu comme ça.
« Tu es sûr que tout va bien ?
– Ah, pour le mieux même ! J’ai testé un nouveau p’tit remède maison, ça fait des merveilles ! »
Jol fronça les sourcils et demanda :
« Un remède maison ?
– Ouais. J’me suis jamais senti aussi bien ! Ça transforme la douleur en plaisir, c’est jouissif. Une vraie drogue. Mais j’te donnerai pas la recette, secret d’fabrication. »
Il se redressa et fit signe à Jol de s’approcher. Elle hésita, avant de s’avancer. Nora lui attrapa alors le bras et la tira vers lui, la plaquant contre lui. Surprise, elle tenta de se défaire de son emprise, mais il la tenait trop fort. Coincée, elle murmura, inquiète :
« Nora ? »
Il était assis sur le rebord du lit et Jol se trouvait entre ses jambes. Piégée. Il commença alors à la toucher, remontant sa robe pour passer ses mains dessous. Ses doigts s’aventurèrent là où ils ne devraient pas.
Il plongea son visage dans son cou, humant son odeur. Ses gestes étaient fébriles, impatients, la terrifiant. Jol paniqua et tenta vainement de se défaire de son étreinte, affolée. Elle n’était pas assez forte.
Jamais il n’avait osé la toucher comme ça.
Que lui prenait-il ?
Tétanisée, elle gémit :
« Nora arrête, s’il te plait… »
Il se redressa alors et lui attrapa le visage, d’un geste dur et sec. Il la fixa, le regard vide, et répondit :
« Va falloir t’y habituer. T’es à moi maintenant. T’as plus b'soin d’trouver un gentil mari, j’ai plus b'soin de m’retenir. J’suis pas v'nu pour faire causette, mais pour prendre s’qui m’appartient. »
Il avait l’air fou, et Jol se mit à pleurer. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait, mais Nora la terrorisait. Il continua, indifférent :
« J’sais que Merry traine avec ta pétasse d’mère, j’aime pas ça. J’lai forcé à m’parler et elle m’a dit qu’tes parents voulaient rester. Alors j’veux plus attendre. Je t’aime, t’sais. Quand t’seras entièrement mienne, plus personne ne pourra nous séparer. »

Pendant ce temps, posé devant le feu réconfortant de la cheminée, Élan était assis dans son fauteuil accompagné d’une couverture chaleureuse et d’un livre. Il profitait de sa douce tranquillité bien méritée, heureux d’avoir enfin un peu de solitude.
Alda et sa mère étaient parties dans l’après-midi se promener et n’allaient plus tarder à rentrer. Elles avaient beaucoup de choses à se dire.
Ausra sommeillait paisiblement dans son berceau. Élan savait la chance qu’il avait : la petite était un bébé particulièrement calme et facile à apaiser. Quant à Jol, elle était partie se coucher. Ces derniers temps, elle s’endormait tôt : bien qu’elle ne soit plus malade, elle était encore faible et fatiguée.
Élan soupira et tendit la main vers la petite table à côté de son fauteuil. Il attrapa sa tasse, une infusion comme il aimait se faire le soir, et pris une gorgée. Ensuite, il replongea dans sa lecture.
Il lisait un roman d’amour, qu’il avait subtilisé discrètement lors d’une virée à la bibliothèque. Il adorait les histoires romantiques, mais détestait les lires devant sa belle-mère.
La vieille femme était beaucoup trop bavarde et jugeait ses lectures avec bien trop de sérieux.
Non pas qu’elle méprisait les récits d’amour. Au contraire. Elle les aimait tout particulièrement. Presque trop. Lorsqu’elle était lancée sur ce sujet, il était pratiquement impossible de l’arrêter. Elle semblait avoir lu tous les ouvrages existants, car chaque fois qu’elle surprenait Alda ou Élan avec l’un de ces livres à la main, elle ne pouvait se retenir de donner son avis dessus.
Un avis précis, critique et terriblement long.
Élan soupira. C’était définitivement un grand bonheur d’être seul pour lire. Il priait pour que les deux femmes ne rentrent pas trop tôt.
Néanmoins, ce si précieux silence fut brisé par des bruits sourds qui résonnèrent dans toute la maison. Quelqu’un tambourinait à la porte.
Élan posa son livre et se leva, mécontent d’être ainsi dérangé. Il traversa le salon et atteint l’entrée. Ça continuait de frapper.
« Jol ? Alda ? Ouvrez-moi, je vous en supplie ! » fit une voix féminine de l’autre côté.
Voix qu’Élan avait déjà entendue brièvement, lors de son altercation avec Nora. Il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec la petite sœur du voleur. Elle était accompagnée de quelques petits flocons. Il devait neiger depuis peu.
La jeune fille avait le visage marqué, son œil gauche était enflé et son regard paniqué. Elle se tenait le bras et semblait avoir mal.
« Monsieur, où sont Alda et Jol ?! » s’exclama-t-elle, affolée.

Il y eut quelques secondes de flottement, le temps qu’Élan comprenne ce qu’il se passait. Il y avait une enfant sur le pas de sa porte, qui le fixait avec une expression mêlant panique profonde et chagrin.
Une enfant blessée, en détresse, grelottant de froid et de douleur. Une enfant qui réclamait de l’aide. Sans attendre une minute de plus, il la poussa vers l’intérieur avec inquiétude.
« Entre te réchauffer, tu as l’air épuisé. » fit-il en la guidant jusqu’au feu de cheminée. En chemin, il expliqua : « Alda est dehors avec sa mère, mais elle ne devrait plus tarder. Quant à Jol, elle dort dans sa chambre. »
Merry le suivit les yeux brouillés de larmes. Elle voulut répondre, mais Élan la devança aussitôt.
« Mais moi aussi, je peux t’aider. » ajouta t-il. « Dis-moi ce qu’il t’arrive. Qui t’a fait ça ? »
Elle était frigorifiée. Ses vêtements étaient mouillés par la neige, ses chaussures trouées remplies de boue, et la douleur l’oppressait. Mais la main réconfortante d’Élan sur son épaule, sa voix douce, la chaleur de la cheminée… la rassuraient un peu. Les nerfs de la jeune fille craquèrent.
« C’est mon frère… » gémit-elle en sanglotant. « Mon frère est devenu fou ! »
Élan la regarda pleurer, le cœur brisé par cette vue. Comment pouvait-on vouloir faire du mal à un enfant ? Une si petite fille, sa petite sœur de surcroit ?
« Chhhht, ça va aller… »
Il retira sa couverture, qu’il avait gardée sur ses épaules depuis tout ce temps, et la posa sur elle. D’une voix douce et encourageante, il fit :
« Alda m’a parlé de toi. Elle m’a dit que tu avais des doutes sur ton frère et que tu lui avais demandé de l’aide pour le dénoncer.
– Oui… » murmura-t-elle, cette idée lui serrant le cœur. « Mais on devait attendre que j’aie trouvé un refuge.
– Tu peux rester. On ne te laissera pas dans la rue. Une petite fille toute seule dehors, c’est impensable. » répondit-il en lui caressant la tête.
Merry continua de sangloter, encore sous le choc, mais semblait se calmer petit à petit.

« Alda m’a raconté que tu soupçonnais ton frère de se droguer avec de la magie noire, c’est donc vrai ? » demanda Élan.
Merry hocha la tête, affligée. Elle hésita, avant de répondre.
« Oui. Il l’avait déjà fait avant… » murmura-t-elle, avant d’ajouter un peu plus fort : « Mais ce n’était pas dans un but méchant ! Il ne voulait pas faire de mal ! C’est juste que des gens lui avaient affirmé que s’il l’utilisait sur lui-même, il pourrait… »
Merry rougit et baissa les yeux. Elle se mordit la lèvre et continua :
« … il pourrait se faire du bien. Ils lui ont dit que c’était comme coucher avec une femme, mais en cent fois plus intense. Que c’était si fort qu’il en oublierait ses problèmes ! Mais ça l’a changé…
– C’est souvent le cas avec cette magie. » répondit-Élan. Il se passa la main sur le visage, accablé. « Mal dosée, elle mange les émotions et procure une jouissance si puissante que le retour à la réalité est rude. Tout parait gris et fade. »
La jeune fille hocha la tête. Elle ne connaissait pas exactement les détails, car cette magie l’avait toujours effrayée. En plus d’être de terrible réputation, elle était proscrite.
La magie sous quelque forme que ce soit était interdite dans le royaume. Les mages étaient emprisonnés, torturés, puis pendus… Mais la magie noire était la pire.
C’était la drogue des désespérés. La seule forme de magie accessible à tous. Dans les bas quartiers, ceux qui ne parvenaient plus à survivre ou dont la vie était devenue un enfer s’oubliaient dedans bien trop aisément.
Mais plus ils l’utilisaient, plus ils s’éloignaient de la réalité. Tout était insipide, le monde perdait ses couleurs et la vie devenait insignifiante.
Réutiliser cette magie était alors le seul moyen de ressentir quelque chose de nouveau. Et à ce moment-là, c’était déjà une drogue.
Et dans les pires cas, ils finissaient pas se laisser mourir, dévoré par le vide dans leur âme. Ils ne s’en rendaient même pas compte.
Lorsque la première fois Nora avait commencé à changer, Merry avait réussi à le convaincre d’arrêter. Il avait fait des choses horribles sous l’influence de cette magie, lui faisant réaliser son erreur.
Mais ça l’avait marqué profondément. Il n’était plus aussi doux et gentil qu’autrefois. Merry s’était faite à cette idée. Son frère n’était plus le même, mais elle se disait qu’elle l’aimerait et le soutiendrait toujours.
Malheureusement, il avait récemment de nouveau changé. Plus colérique, plus agressif. Au début, elle avait songé que cet état venait de sa frustration. Il vivait mal ses sentiments pour Jol. Il voulait s’éloigner d’elle pour la protéger, mais en souffrait. Il se jugeait trop dangereux pour être digne d’elle, mais n’arrivait pas à l’oublier.
À l’époque, elle tentait de le convaincre qu’il méritait sa chance. Jol était prête à vivre avec eux et sacrifier sa vie de confort pour lui. Et elle en était capable, ça ne lui faisait pas peur. Trouver l’amour était un don du destin, c’était terrible de devoir abandonner la personne que l’on aimait.
Mais petit à petit, Merry avait remarqué que ce n’était pas juste ça. Il avait des gestes, des mots, qui lui rappelaient le Nora du passé. Le Nora qui abusait de la magie.
Ses soupçons se muèrent progressivement en une certitude, mais c’était déjà trop tard lorsqu’elle voulut agir. Il avait agressé Öta, comme il avait agressé plusieurs de ses conquêtes autrefois.
Et aujourd’hui, il avait craqué. Merry l’avait surpris, se procurant du plaisir avec de la magie. Cette vision l’avait effrayé et une longue dispute avait débuté. Une dispute qui se termina par des coups, une violence dont il n’avait jamais fait preuve contre sa petite sœur, et Nora s’enfuyant.
« Il n’est plus mon frère. » pleura t-elle, de désespoir. « Protégez-Jol, je vous en supplie. Ne le laissez pas s’approcher d’elle ! »
Élan serra cette fille dans ses bras, cette gamine qui aurait pu être la sienne. Son cœur était déchiré et la colère le rongeait.
« Je vais réveiller Jol. Elle comprendra peut-être enfin en te voyant dans cet état. » répondit-il. « Reste près de la cheminée. Tu peux boire l’infusion qui est sur la table, ça te fera du bien. Ensuite, je t’installerai dans la chambre d’Öta et tu me feras le plaisir de te reposer. »

Élan monta les escaliers rapidement, réfléchissant à toute allure. Si Jol pouvait voir les blessures de son amie et son état, peut-être comprendrait-elle enfin que Nora n’était pas fait pour elle. C’était l’occasion rêvée, bien que ce soit malheureux pour Merry.
Élan était las de faire comme si de rien n’était. Ce garçon était un parasite dangereux et violent et il était hors de question qu’il reste une seconde de plus les yeux fermés.
À l’origine, ils avaient prévu de le dénoncer pour usage de magie noire : une fois en prison, il ne pourrait plus faire de mal à qui que ce soit.
Où plus exactement, Alda avait prévu de faire cela.
Lorsqu’elle avait rencontré Merry en partant chercher Jol, elles avaient discuté. Alda connaissait déjà la jeune fille au travers des paroles de Sarah, qui ne tarissait jamais d’éloges sur sa douceur et sa bonté, et avait su en quelques mots la convaincre de se confier à elle. Elle avait ce talent, cette facilité à rapidement mettre en confiance autrui.
Et c’est ainsi qu’elle avait appris que Nora était un mage, bien qu’il le cachait à tous. Merry lui avait parlé de ses inquiétudes et de sa peur, soulagée d’avoir la possibilité de se confier. La jeune fille avait terriblement besoin qu’on lui tende la main.
Alors Alda lui avait fait la promesse de l’aider à chercher un foyer si en échange elle acceptait d’apporter son soutien pour dénoncer son frère. En rentrant, Alda avait tout expliqué à Élan. Ils avaient longuement délibéré, et elle l’a convaincu de patienter le temps de trouver une véritable solution pour Merry.
« Merry me préviendra si son frère décide de voir Jol. Elle ne le quitte jamais longtemps. Donc tant qu’elle reste avec nous à la maison et que Merry le surveille, Jol ne craindra rien. » avait expliqué Alda. « Profitons-en pour renouer avec elle et lui changer les idées. »
C’était un plan bancal, mais ils avaient l’espoir d’ainsi pouvoir libérer leur fille de l’emprise du jeune homme.
Mais lorsqu’il atteignit l’étage, Élan s’arrêta. Il avait un mauvais pressentiment. Il y avait de la lumière qui filtrait sous la porte de la chambre de Jol. Ne dormait-elle donc pas ?
En s’approchant, il commença à avoir peur. Quelque chose dans l’atmosphère était malsain.
Ça sentait la magie.
La Magie noire.
Il ouvrit la porte et tomba sur un spectacle qui l’horrifia. Jol était allongée sur son lit, le corps marqué de coups. Son visage était plongé dans son oreiller et ses épaules tremblaient. Elle semblait sangloter, mais aucun son ne sortait de sa bouche.
Le désespoir qui se dégageait de la scène lui brisa le cœur et il se précipita vers elle.
« Jol ?! JOL !! »

Elan se précipita vers sa fille en criant son nom, inquiet et terrorisé. Il avait peur de trop bien comprendre. La scène parlait d’elle-même.
« Tu vas bien ? Que t’arrive-t-il ? » demanda-t-il, sa voix se brisant en plein milieu de sa phrase.
Jol leva la tête, les yeux embrumés de larmes et le visage marqué par les coups.
Jamais il ne l’avait vue comme ça. Elle était brisée. Il s’approcha et elle eut un geste de recul. Il tendit alors doucement la main vers elle, et tandis qu’elle se figeait il l’attira vers lui et la serra dans ses bras. Jol se laissa faire, comme une poupée de chiffon.
Elle tremblait, et fondit aussitôt en larmes. Mais aucun son ne sortait de sa bouche.
« Que s’est-il passé ? » insista-t-il. « C’est Nora ? Je suis sûr que c’est lui. »
Jol hocha la tête, gardant les yeux bas. Elle n’osait pas regarder son père. Elle se sentait sale et honteuse. Comment pourrait-il encore l’aimer après ça ?
« Il t’a battue ? Où est-il ? Je vais le tuer. »
Comme Jol ne répondait pas, se contentant d’opiner en se recroquevillant à chaque mot, Élan comprit alors que quelque chose clochait. Ce ne fut pas difficile de faire le rapprochement avec l’odeur pestilentielle qu’il avait senti en arrivant devant la chambre de sa fille. La magie noire.
« Cet enfoiré a utilisé la magie sur toi. » comprit-il. « Tu ne peux plus parler. »
Elle hocha de nouveau la tête, ouvrant la bouche silencieusement. Il tenta de retenir sa colère, pour ne pas effrayer encore plus sa fille. Elle n’avait pas besoin de ça.
Mais la rage le prenait aux tripes. Il n’avait qu’une envie, partir chercher Nora et lui faire payer. Le jeune homme ne survivrait pas à leur seconde rencontre. Il n’allait pas le laisser s’en sortir comme ça.
Il inspira pour se calmer. Sa fille avait besoin de lui.
Il posa sa main sur la bouche de Jol et ferma les yeux. Il n’était pas certain de réussir, voilà longtemps qu’il n’avait pas touché à ça, mais il devait essayer. Il se concentra sur sa colère, sa haine, son dégout… et soudain, elle vomit sur lui.
« Papa… je veux mourir… »

« Papa… je veux mourir… »
Lorsque Jol lui vomit dessus, Élan ne bougea pas. Elle était là, dans ses bras, tremblante et désespérée. Il ne voulait pas la lâcher. Plus jamais il ne la laisserait seule.
« Je t’interdis de dire ça. Si tu venais à disparaître, jamais je ne m’en remettrais. » fit-il, le regard profondément attristé.
Il s’en voulait de ne rien avoir entendu. De ne pas avoir agi plus tôt. De ne pas être monté immédiatement. Pendant que sa fille subissait cette torture, il buvait un thé au coin de la cheminée sans se douter de rien. Pire, il profitait de ce moment et souriait.
Quel piètre père faisait-il...
Il lui essuya la bouche avec le bout de son drap, et berça doucement Jol pendant plusieurs minutes. Elle répétait qu’elle était désolée.
« Je suis là maintenant, tu ne crains plus rien. »
Petit à petit, ses larmes se tarirent et ses tremblements diminuèrent. Élan lui caressait le dos, lui murmurant des mots pour l’apaiser. Elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose pour ne pas sombrer. La présence de son père était rassurante.
Lorsqu’il constata qu’elle s’était un peu calmée, il demanda lentement d’une voix très basse et douce :
« Il t’a touché à des endroits particuliers ? Il t’a forcé à faire des choses que tu ne voulais pas ? »
Jol sentit les larmes remonter dans ses yeux. Elle garda la tête baissée, le nez enfoui dans la tunique de son père. Il se demanda s’il n’était pas trop tôt pour poser la question. Peut-être allait-elle se braquer et se refermer encore plus. Quel idiot il était ! Mais il se passa quelques secondes, avant qu’elle ne murmure :
« Je lui ai dit de partir… Que… qu’il me faisait peur. Alors, il m’a frappé… », Jol ferma les yeux, une profonde douleur ancrée sur son visage. « Ça à duré si longtemps… et… et ensuite… »
Elle se mit à trembler.
« En… ensuite il… il m’a mis sa… cette chose dans ma bouche. » Elle sanglotait de nouveau et il lui caressa la tête. Elle gémit : « Il m’a forcé à la…
– Chhhht. Tu n’es pas obligée de le décrire si c’est trop dur. »
Il sentit sa fille acquiescer. Au bout de quelques secondes, elle continua :
« A… Après il a touché entre… entre mes jambes. Il disait qu’il allait mettre cette chose… à cet endroit… Il me disait des horreurs, mais… mais je ne comprenais pas… »
La voix de Jol se brisa.
« P... pourquoi ? J’avais confiance en lui… Je suis une idiote, c’est de ma faute…
– Il est le seul responsable. Tu n’es en rien fautive. »répondit aussitôt Élan, sa voix plus ferme et froide que ce qu’il pensait.
Elle se tendit, avant de hocher la tête en se serrant un peu plus contre lui.
« Jol, ce qu’il voulait te faire, s’est arrivé ? Il t’a… ?
– Non… ses mains… mais après… il s’est enfui lorsqu’il a entendu des bruits en bas… c’était Merry ? J’ai reconnu sa voix… Elle m’a sauvé… »
La respiration de Jol était saccadée. Elle peinait à parler et avait la sensation de s’étouffer à chaque mot. Bon sang.
Ce que Nora avait fait à Jol était d’une horreur sans nom. Il l’avait battue, maudite et l’avait ensuite forcée à lui faire des choses d’une obscénité sans pareil. Comment avait-il pu lui infliger ça sans ressentir le moindre remords ? Mais il n’était pas allé jusqu’au bout.
C’était une bien maigre consolation. Élan la serra dans ses bras plus forts encore, se mettant à pleurer à son tour. Il répondit d’une voix tremblante :
« Oui, elle est en bas. Elle va vivre ici quelque temps. » et dans un sursaut il ajouta : « Tout le temps qu’elle voudra, même ! »
Sans le savoir, Merry avait empêché Jol de subir un destin encore plus tragique. Peut-être même la mort, car qui savait ce que Nora lui aurait fait après ?
Et ça, il lui en serait éternellement reconnaissant.

Élan continuait de bercer tout doucement Jol, et elle finit par fermer les yeux, collés contre lui. Sa respiration s’était apaisée.
« Tu es épuisée. Je vais changer tes draps pour que tu puisses dormir » fit Élan, en cherchant comment agir.
Il était totalement perdu dans cette situation. Que devait-il faire ? Il tenta de se lever, mais elle s’accrocha à lui et secoua la tête.
« Ne me laisse pas seule… » gémit-elle. Élan se rassit immédiatement et lui permit de se blottir de nouveau contre lui.
« Tu veux que je dorme avec toi ici ?
– Non ! » elle avait crié, faisant sursauter Élan.
Il posa la main sur son épaule et demanda :
« Non ?
– Pas ici… »
Il réalisa alors. La chambre. Jol ne voulait pas rester seule dans la chambre. Et à cet instant, il comprit que jamais plus elle ne pourrait dormir ici. Jamais plus elle ne pourrait s’endormir paisiblement la nuit.
Nora avait abusé d’elle dans sa propre chambre. Son lieu le plus intime et réconfortant. L’endroit où normalement, elle devait se sentir toujours en sécurité… Son cœur se serra.
« Dans ce cas, ce sera dans une autre pièce. Et tu ne seras jamais seule. Je te le promets. » murmura-t-il.
Elle fit un sourire triste en retour, un peu rassuré. Soudain, une voix ajouta :
« On peut dormir ensemble ? »
Merry se trouvait dans l’embrasure de la porte. Depuis combien de temps était-elle là ? Avait-elle entendu et compris ce que Nora avait fait ? Sans doute, car son regard était plus affligé que jamais.
« Parce que moi aussi j’ai peur toute seule… » ajouta-t-elle, les yeux brouillés de larmes.
Jol se mordit la lèvre et, les yeux toujours baissés, hocha la tête.
« Je veux bien. » répondit-elle faiblement.
Élan fit alors signe à la jeune fille de les rejoindre. Merry traversa la pièce d’un pas craintif, et s’approcha d’eux. Elle ne savait pas où se mettre et se triturait les mains. Il tenait Jol de son bras gauche et tendit son bras droit vers elle, l’invitant à rejoindre son étreinte. Merry renifla et se laissa faire lorsqu’Élan la serra fort contre lui.
« N’ayez crainte. Je vous protégerais, toujours… »

Lorsque Alda rentra, elle fut d’abord étonnée de ne pas trouver son mari pour l’accueillir. En temps normal, il trainait dans le salon jusque très tard. Il n’aimait pas se coucher tôt.
Elle déposa sa cape humide près de la cheminée et monta les escaliers, tandis que sa mère se dirigeait vers sa propre chambre, épuisée.
Personne dans l’atelier. Étrange.
Personne dans sa chambre. Un peu plus étrange.
Personne dans la chambre de Jol. Encore plus étrange.
« Où sont-ils ? Et que s’est-il passé ici ? » murmura-t-elle, relevant l’état dans lequel se trouvait la pièce.
Finalement, elle remarqua de la lumière émanant de la chambre d’Öta. Alda fronça les sourcils, interloquée. Elle poussa la porte et le spectacle qu’elle y découvrit la laissa sans voix.
Merry et Jol dormaient dans le grand lit, blotties l’une contre l’autre. Les deux jeunes filles semblaient avoir des marques sur le visage, bien que Alda peinait à les distinguer.
Des meubles avaient été déplacés, pour bloquer les fenêtres, et Élan était également assoupi, assis dans le fauteuil où Öta dormait habituellement. Elle s’approcha de lui et secoua son épaule. Il ne sentait pas très bon et ses vêtements étaient tachés.
« Quoi ? Hein ? » sursauta-t-il en ouvrant les yeux. Il remarqua alors Alda, qui le fixait avec inquiétude, et se rappela alors des derniers événements. « Bon sang, Alda…
– Que s’est-il passé ici ? » chuchota-t-elle d’une voix ferme. « Et que fait Merry là ? »
Élan lança un regard profondément triste vers le lit, puis se leva et lui fit signe de le suivre.
« Je leur ai donné une potion de sommeil. Elles en avaient bien besoin. Elles vont avoir une bonne nuit de repos réparateur, sans rêves ni cauchemars… » expliqua-t-il en descendant les escaliers.
Alda lui emboita le pas, la mine fermée. Elle n’aimait pas du tout cette situation. Il était évident que quelque chose n’allait pas.
« Que s’est-il passé ici ? » répéta-t-elle.
Élan se passa la main sur le visage et se tourna vers elle. Elle remarqua alors les larmes qui coulaient le long de ses joues. Il s’adossa à un mur et se laissa glisser sur le sol, se recroquevillant sur lui-même.
« Alda… Cet enfoiré a… Il a… »

Elle commença par les bibelots. Tout ce qui se trouvait sur les meubles. D’un geste de colère, elle les poussa au sol, brisant la plupart dans un boucan sans nom.
Ensuite, elle renversa les chaises. Et les meubles. Tous tombaient, faisant trembler le sol de la maison.
Alda criait de rage, pleurait, cassait tout sur son passage. Lorsqu’elle essaya de faire basculer la table, Élan tenta de l’arrêter. Mais elle le repoussa, vociférant plus fort encore.
« Je vais le tuer !! » hurlait-elle, les yeux exorbités et le visage rouge de fureur. « Je vais lui arracher ses tripes ! Lui crever son deuxième œil ! Et couper ses infâmes petites couilles rabougries ! »
Elle s’acharna jusqu’à ce que le salon ne soit plus qu’un champ de bataille. Tout était détruit par sa colère. Finalement, elle éclata en sanglot et se laissa choir par terre, répétant :
« Comment à t il… mon enfant… »
Élan se précipita de nouveau vers elle et la prit dans ses bras. Cette fois, elle se laissa faire.
« Mon bébé… »
À ce moment-là, elle entendit qu’Ausra pleurait depuis leur chambre. Elle redressa la tête, murmurant son nom. Mais avec toute l’énergie dépensée à briser chaque meuble du salon, elle était incapable de se relever.
« Je m’occupe de la petite. » fit la mère de Alda, qui avait assisté à la scène sans rien dire. Son visage était tout aussi sombre que les leurs. Élan hocha la tête, la remerciant du regard.
« Cet enfant de putain… Je veux qu’il meure… Je veux qu’il souffre… » murmura Alda. « Je t’en prie, tuons-le… »

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